Écouter les aveugles

Brûlée par les gilets jaunes puis fermée par le gouvernement pour cause de coronavirus, la brasserie La Rotonde Η n’a pas l’air d’en vouloir plus que ça au Président Macron. Elle renaît de ses cendres après plus d’un an de fermeture. C’est à ça qu’on reconnaît les vieilles institutions parisiennes, à leur flegme. 

Il faut aussi faire preuve d’une force tranquille quand on dirige le plus gros service de rééducation et réadaptation des déficiences visuelles en France, mais que personne ne le connaît. Le Dr Pierre Safar a accepté l’invitation du Dr Antoine Rousseau et de répondre pour Mon Œil! à nos questions naïves d’ophtalmologues ignorants. Faut-il changer nos habitudes pour passer la main plus souvent ou plus tôt aux équipes de rééducation ? En quoi consiste la Mesure Canadienne du Rendement Occupationnel devenue la référence dans la réadaptation des aveugles ? Quel est le profil des patients pris en charge ? Et pourquoi les déficiences visuelles ne sont étonnamment pas remboursées par la Sécurité sociale ? Tout le monde a-t-il droit à un chien d’aveugle ? Ces informations sont rares.

MG — Pouvez-vous vous présenter en quelques mots pour les lecteurs de Mon Œil!  ?

PS — Je suis médecin de médecine physique et réadaptation de formation. La Fondation Sainte-Marie a été un point de chute heureux, un peu par hasard. C’est un ESPIC, établissement privé à but non lucratif, dans un service qui a deux versants : hospitalisation de jour, qui tourne très bien, et hospitalisation générale, plus difficile à remplir car les malvoyants, qui viennent de toute la France, préfèrent être chez eux plutôt qu’à l’hôpital loin de leurs proches. 

AR — La Fondation est à côté de l’hôpital Saint-Joseph, il doit y avoir une majorité de glaucomes parmi vos patients ?